Cacao et déforestation
Salut à tous,
J'espère que vous avez passé de bonnes vacances.
Pour ma part, je suis de retour à Abidjan après un mois dans la dernière boucle du cacao à l'Ouest.
En prévision de votre visioconférence sur l'agroforesterie et le café, voici un petit article sur cacao et déforestation.
Lorsque l'on veut faire un champ de cacao, on prend une parcelle de forêt, on défriche et on met le feu en bas des arbres ; ce qui permet de les tuer avec peu d'efforts.
La défrichement d'une forêt secondaire avant de faire un champ decacao
Puis ensuite on travaille la terre : on fait des buttes dans lesquelles on plante de l'igname, ce travail du sol permet de se débarrasser de certaines souches et mauvaises herbes. Certaines ethnies font à la place de l'igname du riz.
Les buttes d'un futur champ d'igname (et de cacao) à la lisière d'une plantation de cacao
Puis le cacao est planté avec des bananiers comme je vous l'avais montré.
Lorsque le cacao pousse, on observe souvent encore les troncs des arbres morts qui ont été brûlés, pendant les premières années de la plantation.
Les arbres morts dans une plantation de cacao
Cette technique de culture conduit à des paysages qui sont de véritables mers de cacao . Comme vous pouvez le voir sur les photos ci-dessous, on peut parcourir plusieurs kilomètres et n'apercevoir que du cacao
Certains planteurs, ou certaines régions cultivent le cacao en agroforesterie. Le cacao est cultivé sous des arbres de la forêt,ou des arbres qui ont repoussé et qui ont été conservés par le planteur.
Deux plantations agroforestières
Cette technique qui permet d'éviter de perdre tous les arbres et également d'augmenter la durée de vie du champ a également quelques inconvénients.
Grâce à mon travail d'enquête en Côte d'Ivoire j'ai pu comprendre ces inconvénients : les arbres attirent des écureuils qui mangent les cabosses, le mildiou (un champignon) peut se développer quand la plantation est trop humide.
Les exploitants forestiers peuvent aussi entrer dans le champ pour venir couper les grands arbres. Ils ne demandent pas son avis au planteur, et entrent dans la plantation avec leurs machines, ce qui détruit beaucoup de cacaoyers. Comme beaucoup de planteurs ne sont pas allés à l'école, ils ne connaissent pas leurs droits et n'arrivent pas à se défendre contre les forestiers (qui sont du personnel de l'Etat!).
Regardez la taille des arbres qui sont abattus et imaginez les dégâts lorsqu'un arbre comme cela tombe sur un verger !!
Le problème des exploitants forestiers
Malgré ces inconvénients, beaucoup de planteurs sont en train de réaliser que les arbres sont très utiles pour le cacaoyer : leurs feuilles et fruits apportent de l'engrais, leur ombre protège de la sécheresse. En plus, cela permet aux planteurs d'avoir plusieurs revenus différents: certains cueillent les fruits des arbres pour les vendre au marché, d'autres vendent le bois des arbres.
Comme les planteurs sont pauvres, ils choisissent également des arbres avec lesquels ils peuvent faire des médicaments. Les écorces, les feuilles et les racines sont utilisés. Cela leur permet de soigner leurs enfants, notamment du paludisme.
Mon travail a consisté, en discutant avec les planteurs, à identifier les arbres qui sont bons pour les cacaoyers.
Un planteur de cacao et l'arbre qu'il a décidé de laisser pousser partout dans son champ.
Toute cela pour produire ces petits fèves de cacao que vous avez dû déguster en chocolat à Pâques!
Voilà, un autre chapitre de l'aventure du cacao !!
Un camion tranportant des sacs de cacao en brousse
A bientôt,
vous me raconterez ce qu'il en est pour le café !
Elsa